La Collégiale Saint-Martin
Un monument du Quercy
D’abord, qu’es-ce qu’une collégiale? C’est plus qu’une église car c’est un lieu qui rassemble une communauté de prêtres, qui portent alors le titre de chanoines.
Avec ce titre ils s’assurent une place dans les stalles du chœur de l’église, et une pension, la prébende. Ils doivent en retour prier tous les jours pour le fondateur de la collégiale, et entretenir son tombeau.
L’histoire de la Collégiale Saint-Martin débute vraiment avec la création d’un collège de clercs par Pierre des Prés en 1323. Mais ce n’est qu’en 1334 que le Pape accorde le titre de chanoine à ce groupe d’hommes, faisant de l’église une collégiale.
La collégiale de Montpezat-de-Quercy est un très bel exemple d’architecture gothique méridionale, qui insuffle beauté et élégance à ce village médiéval qui compte pourtant de nombreuses demeures richement décorées, de maisons à pans de bois, et de très belles fenêtres et portes ouvragées.
La famille Des Prés
Les grands mécènes de Montpezat-de-Quercy
Tout commence avec Pierre des Prés, cet enfant du village devenu cardinal!
Issu d’une famille bourgeoise du Quercy, de riches marchands, ce jeune quercynois se fera une place au sein du pouvoir de l’Église, au fil de voyages et de grandes affaires, et sera Vice-chancelier de l’Église Romaine, en servant 4 papes et en disposant d’importantes richesses, qui financeront en partie notre chère collégiale. Diplomate et personnalité politique majeure de son temps, il fera de la Collégiale l’emblème de son passage sur terre à partir de 1337. Il repose dans la nef, et son gisant en marbre blanc de Paros est visible dans le chœur.
Un autre Des Prés va faire de la collégiale ce monument de raffinement que nous avons la chance de voir aujourd’hui, Jean des Prés.
Son parcours est moins important que son illustre ancêtre, mais c’est lui qui va commander les précieuses tapisseries pour embellir la collégiale entre 1517 et 1539, lorsque déjà seigneur de Montpezat et doyen du chapitre collégial, il devient évêque de Montauban. Les tapisseries sont ornées des armes de Jean des Prés, des armes tissées d’or à trois bandes de gueules au chef d’azur chargé de trois étoiles d’or – timbrées de la crosse et de la mitre. Son gisant est également visible dans le chœur, aux pieds des tapisseries.
Le collège des Chanoines:
Une architecture dédiée à cette collocation d’un autre temps.
En 1349 ce sont 15 chanoines qui vivent dans la Collégiale Saint-Martin.
Chaque prêtre, ou chanoine, a sa propre chambre-bureau, au dessus de l’écurie. Les combles accueillaient les serviteurs.
La tour abritant la demeure du doyen du chapitre n’est malheureusement plus visible, mais le collège que nous pouvons admirer aujourd’hui a conservé les maisons canoniales et la plupart des espaces crées pour cette communauté.
La galerie qui dessert les bâtiments est très impressionnante, et cette organisation autour du puits donne à cet endroit un côté insolite. On imagine le passage de toute cette communauté, entre calme et tumulte, selon l’ordre de leurs tâches quotidiennes.
Les tapisseries de la Collégiale
Plongée dans une épopée fantastique, la vie de Martin
Cet ensemble de tapisseries absolument extraordinaire a été réalisé entre 1517 et 1539 en Flandre. Constitué de 5 panneaux de tapisseries de haute-lisse de plus de 23 mètres, cet ensemble livre une histoire qui est ici brodée de fils de laine et de soie.
Comme une bande dessinée, cet ensemble se lit d’épisodes en épisodes, et possède même sa propre légende qui accompagne les superbes illustrations.
Ces tapisseries racontent la vie de saint Martin de Tours. Ce personnage est représenté au fil de sa vie dans ses plus beaux atours du Moyen-Âge, et ces tapisseries nous éblouissent grâce à l’univers dans lequel elles nous transportent. Les couleurs subliment les décors fastueux. La délicatesse des détails nous impressionne et il n’est pas difficile d’imaginer les longues heures de travail des lissiers et lissières à l’œuvre il y a plus de 500 ans !
La végétation luxuriante et parfois exotique est omniprésente, les drapés des capes de Martin, les accessoires des chevaux, les détails architecturaux des colonnes et châteaux, les vues lointaines de tours et de villages…on se laisse embarquer dans ce monde féerique et dépaysant en cherchant les petits diables ou les anges au fil des aventures du récit.